La Voix du Nord- Yannick Boucher | Publié le 23/09/2021.
Robin Denoyelle est maître des espaces verts au lycée Béhal de Lens, mitoyen du quartier populaire de la Grande Résidence. Un joyau, l’air de rien et à force de gestion différenciée des arbres en milieu pas si hostile, il faut aussi gérer les bataillons de jeunes en vadrouilles permanentes.
Les trois petites ruches sont entourées de palettes de chantiers, il y aura bientôt une jolie petite clôture. Les abeilles sont calmes, il est bientôt midi, des élèves se reposent dans l’ombre d’une rangée de marronniers. Ils sont assis dans l’herbe fauchée tardivement et c’est fait exprès puisque Robin Denoyelle ne pense qu’à cela, à sa gestion différenciée. « Ici, on ne contraint pas la nature, on l’accompagne , dit-il. Il faut entretenir les espaces pas plus que nécessaire pour laisser vivre les espèces et enrichir la biodiversité aussi bien animale que végétale ».
Des nouvelles plantations en novembre
L’herbe peut donc pousser presque librement, la faucheuse remplace la tondeuse. Le lycée Béhal semble immense, sept hectares à la pesée. Il y a des jeunes partout, évidemment. Ça entre, ça sort, ça circule, ça bouge et pourtant, l’impression s’impose d’un endroit paisible où le vent souffle dans les branches et où attend la fouine pour sortir, à la fermeture des grilles. Pas la seule. Des hérissons en famille, maître renard comme chez lui, courant sans doute le lièvre que Robin aperçoit parfois, tapis au sol. Les arbres abritent des nichoirs à oiseaux, ils sont nombreux, des corridors écologiques permettent aux espèces de circuler et tout ce petit monde élit domicile parmi un registre de plantes plutôt singulier en milieu scolaire.
Le lycée organisera le 25 novembre la plantation de trois haies, une centaine d’arbres et arbustes, dans le cadre de notre opération 100 000 arbres pour demain. Si ENRx est au pilotage du chantier, ce sont bien les enfants de l’école primaire voisine et du collège Jean-Zay tout proche qui tiendront les bêches. Des haies mellifères, les ruches apprécieront le noisetier, l’eglantier, le cornouiller ou la bourdaine. « L’important c’est de voir les choses globalement , souligne Robin. Les arbres, comme ceux des haies, profitent à tout le reste ». La viorne obier offre ses baies aux oiseaux, ses fleurs aux abeilles. Le fusain d’Europe, ou « bonnet d’évêque », accompagne le trèfle idéal pour fixer l’azote de l’air et donc enrichir les sols. Robin vit tout cela avec passion. Diplômé d’une licence en aménagement paysager et gestion différenciée, il a créé sa petite affaire de conseil en la matière. Se sent-il un peu seul pour tout ce travail dans son grand lycée ? Sans doute. Le regard sur cette nature à l’école, notamment des adultes, ne lui semble-t-il pas encore suffisamment concerné ? Peut-être. « Je pense en tout cas que les jeunes apprécient ce que je fais , espère-t-il, quand ils le voient »
ASz